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- Association Madeleine Dinès -
consacré à l’œuvre de la peintre Madeleine Dinès
Nous renvoyons à l’onglet ACTUALITÉS : Exposition « Madeleine Dinès, en toute intimité », au Musée d’art et d’histoire de Saint-Lô, du 3 juillet au 5 décembre 2021.
Madeleine Dinès mène une carrière de peintre de la fin des années vingt aux années soixante-dix.
Elle est la fille du peintre nabi Maurice Denis, et l’épouse du poète Jean Follain
« Élever la réalité à la dignité de l’apparence », c’est en ces termes que Hegel définit une des fonctions de l’art. Cette parole me revenait en mémoire ces temps derniers tandis que je regardais, chez une amie commune, les peintures de Madeleine Follain-Dinès dont l’insidieuse séduction se présentait, à mes yeux, comme une énigme. Rien, en effet, dans ces œuvres modestes par leur dimension comme par leur sujet, ne semblait justifier au premier abord l’intérêt par lequel, en fin de compte, elles s’imposent. Rien que de très ordinaire, de quotidien, de banal dans ces décors et dans ces scènes dont on se demande à quelle sélection intime, subconsciente, ils obéissent, et à quelle nécessité obscure ils répondent.
Des chambres vides avec un lit, quelques meubles, quelques objets, ici le lit est défait, là on distingue un dormeur, partout règne un climat de suspens, d’imminence comme si au-delà de l’anodin se profilait la surprise, mais laquelle ? Ailleurs c’est un escalier de pierre au bas duquel un balayeur las pousse quelques feuilles mortes, ailleurs encore une voie ferrée déserte dont les rails se perdent sous un pont, et là encore l’inconnu plane : ce qui nous est représenté semble n’être que le prétexte à quelque épiphanie prête à surgir.
En vérité, le dire de Madeleine Follain-Dinès cache un non-dire, une réalité interne si intensément ressentie qu’elle transparaît à travers ses plus humbles travestissements, et c’est là sans doute le secret de son charme opératoire. Fille de Maurice Denis et femme du poète Jean Follain, qui est demeuré cher à notre cœur, Madeleine Follain-Dinès est dotée d’une grâce particulière, celle de pouvoir, à l’instant décisif, muer son pinceau en une baguette de sourcier.
Texte de Patrick Waldberg pour le carton d’invitation à l’exposition de la Galerie Brigitte Schéhadé, du 17 février au 5 mars 1983.
Tableau : Autoportrait au miroir à trois faces (sd, 45,5 x 54,5)