Correspondance

(extraits)

À JEAN FOLLAIN

[...] Une chaleur atroce ici, mais je travaille ; j’ai en ce moment des fleurs à peindre devant la fenêtre qui sont belles à crier… j’en tremble, c’est incroyable de sentir à quel point la beauté peut nous bouleverser tout d’un coup. [...]

(été 1932 ou 1934)

 

DE PIERRE ALBERT-BIROT

Vendredi 19 novembre 1934 ou 1935

Chère Madeleine

J’ai été à votre exposition ce matin. J’ai passé là un très bon moment, chaque toile donne un plaisir et de loin et de près, car moi je vous avoue que j’aime bien me mettre le nez dessus pour jouir du minutieux tripatouillage de la belle pâte. Tous vos paysages sont vraiment très bien écrits. J’ai regardé avec la plus grande attention le beau portrait de la dame aux grosses perles (malheureusement placé trop bas, comme plusieurs autres). Je suis revenu plusieurs fois à la nature morte qui est au-dessus de la cheminée, il y a dans cette symphonie en gris une sorte de tragédie picturale qui attache, et enfin vous dirais-je que si j’étais chargé de choisir dans votre ensemble, je serais extrêmement embarrassé et que peut-être je finirais par emporter l’Habillement de la mariée qui me paraît un tableau très séduisant, tant par l’œil et la main du peintre que par son sentiment poétique.
Comme je regrette de n’avoir pas assisté à votre vernissage rien que pour voir combien vous avez dû être heureuse.
Je vous embrasse bien fraternellement,

PAB

Mais vois bien que DINÈS
Madeleine chère
Sobre langagière
À coup sûr
Découvre au bon moment
Ce qu’il faut pour clouer « l’instant »
Et sévèrement
Sur le mur
En toute liberté
Et ce non point avec un gros marteau
Lui suffit
Moi j’vous l’dis
Sa poétique volonté
Toute vivante au bout de son pinceau

PAB (non daté)